IRAN 

ETE 2005

Quatrevieux Fabrice, Valérie, Florence, Vincent
mail :v.quatrevieux@wanadoo.fr
notre site http://perso.wanadoo.fr/un-land-et-des-etoiles/

 

Voici le récit de notre dernier voyage en Iran, l'été 2005:

Suite à notre voyage en Turquie de l'Est, en 2002, nous nous étions faits la promesse à la frontière iranienne de franchir le pas. 3 ans plus tard et après quelques démarches, nous prenons le chemin de ce pays tant décrié. Nous avons choisi de traverser les Balkans, une route que nous ne connaissions pas. 4 000km nous séparent de la frontière iranienne et nous n'attendrons pas moins de 14 h aux frontières en raison de l'afflux des turcs allemands rentrant au pays (Croatie). Arrivés enfin en Turquie, nous prenons le temps de traverser ce pays si hospitalier. Nous empruntons un chemin forestier dans les montagnes longeant la Mer Noire qui nous conduit à un camp de bûcherons ravis de cette visite inopinée : nous n'échappons pas au traditionnel thé. Sur le chemin du retour, un tronc d'arbre nous arrache le cabochon de roue. Fabrice répare alors avec du fil de fer et un coin de ziploc ! Efficace jusqu'en Iran où nous achèterons 2 cabochons pour le prix de 0.50 euros !!

Une semaine après notre départ, nous atteignons la ville frontière turque Dogubayazit . Nous nous offrons une pause camping au pied du palais des mille et une nuits d'ishak Pasha pour faire la lessive et la mécanique. Le lendemain, c'est le grand jour : nous enfilons nos tenues islamiques !

La frontière turque passée, la grande grille s'ouvre et un douanier sympathique nous accueille aux mots d' « oublier la propagande ». En effet, il nous guide aux différents bureaux et ½ h plus tard, nous sortons sans fouille du véhicule. Bazargan la ville frontière nous accueille alors et quelques kilomètres plus loin, nous atteignons Maku où nous rencontrons un professeur d'anglais qui nous conduit jusqu'à l'église noire de Saint-Thaddée difficile à repérer en raison des rares panneaux de signalisation rédigés uniquement en farsi. Il se fera même aider par un automobiliste pour nous montrer la bonne route. L'hospitalité en zerbaïdjan veut que le voyageur soit guidé à bon port et notre automobiliste, parti avant nous, nous attendra 5 minutes à la croisée des chemins. La route se transforme en une piste et traverse un village isolé. L'église nous apparaît soudainement à la sortie du village au pied d'une colline. Nous sortons du Land, sous un soleil de plomb et frappons à la porte de l'édifice.

C'est l'heure de la sieste qui plus est un week-end mais le guide de bonne grâce nous ouvre les portes. Cet édifice arménien construit au début de notre ère sur le tombeau du martyr regroupe le 19 juin de nombreux pèlerins venus assister à la messe annuelle. Cette visite achevée, nous posons notre bivouac dans le lit d'un fleuve malheureusement envahi de nids de guêpes ! Mais cette déconvenue sera balayée par les nombreux signes de bienvenue lancés par les villageois de retour chez eux.
Après une nuit bien reposante, notre but de la journée est Tabriz. Mais quand un panneau indicateur nous signale la station de ski Payam, nous n'hésitons plus : nous nous engageons alors sur les multiples pistes environnantes en surplomb de la rivière.

C'est vendredi, correspondant à notre dimanche et les azéris en profitent pour organiser des pique-niques accompagnés du traditionnel barbecue, ce qui nous vaudra d'être témoins de trois incendies qu'ils essaient d'éteindre avec des couvertures et des branchages !
Notre premier contact avec l'ambiance urbaine s'effectuera à Tabriz, chef-lieu de l'Azerbaïdjan oriental. La circulation est anarchique, les automobilistes ne respectant aucune règle de sécurité élémentaire, klaxonnant à chaque instant. Les policiers sifflent .dans le vide. Ils semblent être uniquement présents pour les accidents qui malheureusement sont nombreux : nous n'en observerons pas moins de 3 en 24 h.
Prudence oblige, nous décidons de recourir aux services d'un taxi pour la visite du lendemain. En attendant, nous nous éloignons de cinq km de toute civilisation, c'est du moins ce que nous croyions jusqu'à ce qu'un iranien surgisse intrigué par notre présence dans un petit canyon.Il repartira comme il est arrivé discrètement sans oublier de nous demander si tout va bien.

A Tabriz, après une visite de la mosquée bleue, reconstruite suite à un tremblement de terre, nous nous offrons la pause déjeuner dans un boui-boui.
Il est temps de goûter à une spécialité locale, l'abgusht, sorte de ragoût de mouton accompagné de pois chiches et de pommes de terre que l'on pile
après avoir consommé le bouillon épaissi avec du pain. Notre repas nous coûtera moins d'un euro par personne : royal !
Pour compléter l'ambiance, nous nous plongeons dans le bazar oriental et c'est avec un véritable plaisir que nous nous perdons dans ce labyrinthe de
couleurs et de senteurs sans la présence d'un seul touriste. Florence appréciera tout particulièrement le quartier réservé aux bijoutiers : plusieurs tonnes d'or sans gardien de nuit, la sécurité est totale !!!! Nous faisons la connaissance du responsable de l'office du tourisme de Tabriz qui nous hèle du haut de son bureau. Son accueil est à l'image de l'hospitalité des Tabrizis. Nous ne comptons plus les verres de thé offerts à la fraîcheur en toute liberté, les femmes pouvant enlever le foulard ! Il parle 8 langues et nous réaliserons une interview pour la radio par son intermédiaire.

Nous repérons sur les guides un parc de loisirs où les iraniens plantent leur tente. L'endroit est bruyant près d'un rond-point mais le contact avec la population se fait immédiatement. Nous sommes l'objet de multiples questions et notre lexique farsi-français circule dans de nombreuses mains. Le thé coule à flot et nous ne nous coucherons pas avant 3 heures du matin : expérience inoubliable mais à ne pas renouveler trop fréquemment !

Le lendemain, nous prenons la direction d'Ardabil, tôt le matin, réveillés par les nombreux coups de klaxons. Notre parcours traverse tout d'abord des
collines colorées et de petits villages en pisé dont les toits sont surmontés d'énormes bottes de paille. Tout à coup, le Mont Sabalan se profile à l'horizon avec ses 4811m. Nous avons décidé de le franchir. Un vrai jeu de pistes commence : les cartes sont imprécises et les indications des habitants en farsi peu compréhensibles malgré forts gestes. Nous évoluons à plus de 3000 m au milieu des tentes nomades. Nous nous posons à 3300m pour une nuit bien méritée mais fraîche à seulement quelques mètres des glaciers. Les troupeaux de bergers avec les fameux kangals, chiens de bergers censés défendre le troupeau contre les ours et les loups nous entourent et nous sommes bien protégés.

Le lendemain, Vincent qui en a rêvé toute la nuit nous entraîne sur les glaciers pour une bataille de neige improvisée à 3447 m, notre record d'altitude iranien. Nous avons repéré une piste sur la carte qui nous amènera dans les camps nomades. Nous faisons du hors-piste mais rien n'y fait : la piste s'arrête ! Nous constatons une conception étrange des pistes. Celles-ci relient des groupes de villages de nomades entre eux, mais aucune piste permet d'accéder à ces regroupements. Ce sera l'occasion de prendre en stop un grand-père et son petit-fils. Il est difficile de refuser l'invitation et nous nous engouffrons dans ces tentes, véritables yourtes mongoles. C'est la fête dans le camp ! Nous dégustons le thé, le fromage, la crème fraîche et le pain faits maison. C'est le moment de tester nos quelques mots de farsi ! Ils nous submergent de questions, d'où venons-nous, comment trouve-t-on leur pays ? Mais, quand la maîtresse de maison attrape le plus gros poulet et fait le signe de l'égorger, les enfants décident de l'épargner. Le land est visité par les animaux et toute la tribu. Les hommes passent dessous intrigués par nos ressorts et le moteur Diesel. Les femmes admirent la mini-cuisine, l'eau courante et la douche : c'est un hôtel trois étoiles ! Tout est soupesé et reposé à la même place : aucun vol à l'horizon ! Après une séance photo (les azéris en sont friands), nous prenons congé. Quelques kilomètres plus loin, nous croisons un land capot relevé : son propriétaire profite de la proximité du torrent pour rafraîchir le moteur. Nous ne comptons plus les rivières traversées. C'est au près de l'une d'elles que s'effectue notre pause déjeuner précédée d'une séance de lessive.
Quelques épingles à cheveux bien négociés, nous amorçons notre descente vers la civilisation. Cette balade hors du temps s'achève et nous retrouvons la route. Nous ferons tout de même l'achat de deux pots de miel des ruches du Mont Sabalan. Un pot nous accompagnera même jusqu'en France en souvenir de ses nomades si hospitaliers.

Nous venons d'achever la découverte de l'Azerbaïdjan et découvrons les abords de la Mer Caspienne avec ses champs de riz à perte de vue. La végétation est luxuriante et nous prenons un réel plaisir à nous perdre dans les petites pistes conduisant aux villages composés de petites maisons en bois coloré. Nous ne pouvons échapper à un petit bain de pieds dans cette mer intérieure, grande productrice de caviar (introuvable !). Ne pouvant pas faire de grandes ablutions, loi islamique oblige, nous nous rabattons vers l'intérieur des terres pour découvrir le village pittoresque de Masuleh. Il est construit en terrasses à flanc de montagne, les toits plats des maisons permettant l'accès aux différents niveaux. Dès notre arrivée, les infirmières du Croissant Rouge en visite sur le site se précipitent sur notre véhicule pour se faire photographier aux côtés de Valérie : le temps de se prendre pour une Star !

Près d'un barrage, nous tombons par hasard sur l'unique champ d'éoliennes du pays. Le vent a façonné des paysages hauts en couleurs et il faut l'abri d'une colline pour poser le bivouac : une séance de trial sera nécessaire pour l'atteindre et trouver un espace plat au milieu de monticules entrelacés d'oueds asséchés. Le campement sera très agité. Notre tente de douche subira l'assaut des nombreuses rafales et il faudra se mettre à deux pour la tenir fermement. Sur une plaine désolée, apparaît le mausolée de Soltaniyeh. Cette ville fut détruite par Tamerlan en 1384 et mérite un détour. Nous lui consacrons quelques heures après avoir goûté aux pizzas iraniennes dans un minuscule boui-boui !

Nous avons pris contact en France avec des astronomes iraniens via internet et avons rendez-vous avec certains d'entre eux à Shahreza située à 80 km au
sud d'Isfahan. Nous amorçons donc notre descente vers le Sud. Nous ne rencontrons aucun problème sauf lors de deux bivouacs.
Le premier a lieu sur un terrain meuble ( style lac salé asséché) où le land s'enfonce soudainement de 50 cm sur le côté droit. Heureusement, nous nous en sortons sans dommage. Le deuxième se déroule à quelques kilomètres d'Isfahan où deux hélicoptères de l'armée nous localisent et rasent la tente de toit à moins de 2 mètres : émotions garanties !

L'accueil des astronomes est à l'image des iraniens. Nous sommes guidés vers les bâtiments historiques, les artisans, les restaurants typiques..Nous faisons une conférence à l'université sur notre projet « Hélix » et ils organisent une soirée astro-gastronomique dans un parc bien fleuri et bien éclairé ! Les contacts sont très chaleureux et pendant que Fabrice montre un DVD de nos voyages aux hommes, les femmes entourent Valérie qui leur signe des autographes et des dédicaces. La nuit se poursuit avec l'observation des objets célestes jusqu'à 3 h du matin ! Les iraniens ont la santé !!

Pour obtenir les visas, nous avons dû réserver trois nuits d'hôtel à Shiraz et c'est avec un pincement au cour que nous quittons nos hôtes si attachants !
Une journée de route sera nécessaire pour atteindre Shiraz. Nous éviterons plusieurs accidents dans cette circulation démentielle : voiture remontant la voie rapide en marche arrière, femmes traversant une trois voies jouant de leur voile les matadors. Heureusement, l'hôtel en plein centre-ville possède un parking gardé : nous pourrons laisser en toute sécurité notre véhicule et le télescope. Après un sommeil bien mérité, nous sommes prêts à nous lancer à la découverte de cette ville légendaire. Pour les amateurs de bon vin, il n'est pas question de chercher le célèbre vin de Shiraz qu'Omar Khayyam vantait dans ses robaïyat ! Pour se consoler, nous plongeons avec délices dans le bazar oriental . Senteurs, bruits, couleurs nous envoûtent. Nous restons plusieurs heures à flâner au milieu des artisans et à faire quelques emplettes. Pour nous restaurer, nous dénichons près de l'hôtel un petit estaurant animé par deux musiciens jouant des instruments traditionnels.

Ces trois jours écoulés, il est temps de reprendre la route. Nous visitons la célèbre Persépolis sous une chaleur écrasante à 15 h avec 40°C à l'ombre mais sans ombre ! Avec le voile et les vêtements couvrants, il n'est pas nécessaire de faire les frais d'un hamman. De plus, les normes iraniennes n'étant pas les mêmes qu'en Occident, il nous faut littéralement escalader les rochers pour atteindre les mausolées.
Nous repartons vers deux autres sites Naqsh-e Rostam (tombeaux sculptés) et Pasargades (tombeau de Cyrus) émerveillés par tant de finesse dans les sculptures.

La conduite nerveuse des iraniens nous incite à rechercher le calme sur les pistes des Monts Zagros et à installer notre bivouac sur un ancien camp de nomades : plus de chardons mais beaucoup de crottes de mouton ! On ne peut pas tout avoir ! Quelques arbres au nom indéterminé style arganiers complètent le tableau champêtre. C'est une pause mécanique pour Fabrice : vidanges ( nous récupérons notre huile grâce à un sac poubelle autour de la bassine), changement de filtres, vérification et entretien de certaines pièces.. Tout à coup, une tornade nous frôle emportant dans son sillage tous les chardons. Peu après, une deuxième se forme et nous réalisons que nous sommes dans leur couloir : vent de panique, il faut retenir les chaises et autres ustensiles légers !

Aucune voiture à l'horizon, nous sommes seuls sur la piste. Des camps de nomades apparaissent et des collines colorées se dévoilent à perte de vue.
Nous nous enfonçons au milieu des champs de blé et des vergers. C'est le moment de la moisson et les iraniens travaillent tard, la faux à la main, se retournant à notre passage. Nous suivons le cours de la rivière sur des pistes boueuses. Les passages sont délicats et nous ne croisons que des land, certains agrémentés de petits cours ! Ce soir, il devient impossible de trouver un coin tranquille : nous mettons tout simplement au bord d'un torrent ce qui permet de faire la lessive !
Le matin, évidemment, nous avons de la visite : un homme qui veut partager son pain avec nous et un papy qui tient absolument à nous retenir sous sa tente. Il appelle ses femmes pour nous accueillir. En désespoir de cause, il nous inonde de pommes du jardin petites mais goûteuses qui feront le bonheur des enfants !

Un soir, tous feux éteints, en admiration devant la voie lactée, nous entendons soudain un hurlement étrange qui se rapproche. Nous nous souvenons alors de la clôture des moutons, des kangals « chiens de 50 kg, pouvant atteindre les 70km/h en courant » et de la présence de loups dans cette région. Dans le doute, nous écourtons notre soirée astronomique pour nous replier dans la sécurité de la tente haut-perchée et interdisons formellement aux enfants de se lever.
Notre parcours longe une belle rivière bleue turquoise et donne l'occasion à notre fils de se baigner pendant que notre fille trempe le bout de ses pieds!
Isfahan se rapproche et la circulation se fait très dense. Enfin, sans accident, nous garons notre véhicule sur la célèbre place Emam Khomeini et partons à la découverte de ses plus beaux monuments et de son bazar.

Nous avons envie de goûter aux deux déserts iraniens : Dasht-e Kavir et Dasht-e Lut. Sur le chemin, nous croisons des maisons munis de badgir, tours censées captiver le vent et grâce à un système de bassin rafraîchir la maison, bien pratiques en raison de la chaleur. Nous admirons l'ingéniosité des iraniens capables de construire des canaux souterrains appelés Qanats, certains atteignant 40 km : ils servent à irriguer les vergers depuis 2000 ans. Ainsi, des oasis apparaissent au milieu des déserts arides.

Nous comptons tous les 25 ou 30 km des caravansérails servant d'auberges à l'époque de la route de la soie. Ils sont à l'abandon mais quelques-uns restent en bon état. Des citernes d'eau jalonnent notre route monotone mais elles sont désespérément vides et témoignent d'une grande sécheresse.
Nous localisons quelques dunes accessibles : les enfants improvisent alors une partie de toboggan. Florence en profite pour parfaire sa collection de sables du monde : le véhicule reviendra charger de quelques kilos dans des sacs plastiques ou des bouteilles pas toujours étanches !

Nous profitons de la solitude pour planter notre bivouac : c'est du moins ce qu 'on croyait quand un berger passe au loin : mais où trouve-t-il de l'eau pour ses moutons ? Le mystère reste entier car nos quelques mots de farsi sont insuffisants pour une grande conversation.
Tabas, seule grande ville au milieu des déserts, est une oasis où la pénurie d'eau ne s'est pas encore fait sentir à en juger par l'abondance des fontaines. Son bâtiment le plus impressionnant est un ancien caravansérail transformé pour l'occasion en une belle mosquée entourée de somptueux jardins (la fierté des iraniens : jardin veut dire paradis en farsi). Nous faisons le plein de gasoil à un euro les 60 L, prix fixe en Iran (et magique pour nous) et achetons du pain au boulanger que les enfants s'empressent de dévaliser.

La chaleur est épuisante et la température monte à 51°C. Par jour, 4 litres d'eau par personne seront nécessaires pour étancher notre soif mais le réfrigérateur n'a pas le temps de rafraîchir suffisamment les boissons et nous finissons à l'eau chaude !

En raison de la monotonie du paysage, nous décidons de nous échapper sur une piste où un panneau signale des guépards (peut-être présents dans les temps anciens). Notre attention est soudainement attirée par un village en pisé sculpté accroché au sommet d'une colline : un véritable bijou du désert . Malheureusement, la température ne nous permet pas de grimper et de la visiter !
Le dernier bivouac a été agité en raison d'une tempête de sable chaud. Nous nous octroyons donc une pause hôtel à Kerman. Le patron nous demande de garer le Land dans l'arrière cour fermée. Il veut ainsi éviter un attroupement de curieux à l'entrée de son établissement. Nous prenons possession de notre chambre, un bon repas avec 7 plats puis 1h30 de lessive.la chambre ressemble à un grand étendoir !

Sortir d'une grande ville relève de l'exploit en raison des rares panneaux et souvent écrits en farsi: nous empruntons généralement une mauvaise direction et sommes obligés de rectifier le tir en empruntant de petites pistes pittoresques.
Au milieu de collines, nous doublons deux vélos : c'est Yvoine et Mike qui, partis de Singapour au début de l'année, veulent rallier la France au mois de novembre. Nous passons un agréable bivouac en leur compagnie. Nous admirons leur courage et apprécions d'autant le confort que nous procure notre véhicule 4X4 étoiles !
Nous devons rejoindre le Golfe Persique en contournant les grands lacs salés qui nous apparaissent au détour d'un sentier accidenté. Une étendue bleue et blanche nous tend les bras et nous roulons enfin sur ce billard improvisé. Il faut veiller tout de même à ne pas trop s'éloigner des berges. Les sandales de Vincent en garderont un cuisant souvenir ! Elles s'enfonceront dans une sorte de boue nauséabonde de près de 10 cm alors nous n'osons envisager le sort réservé aux 3 tonnes de notre véhicule..

Lors d'une recherche de bivouac sur une belle piste, un policier nous arrête ne comprenant pas notre intention, pourquoi ne pas prendre un hôtel dans la prochaine ville, il en faut plus pour nous décourager et nous empruntons un nouveau chemin qui sera le bon malgré le dévers côté précipice sur un éboulement qui nous faudra passer : sueurs froides assurées !

Nous traversons le défilé montagneux de Gaugamèles, qu'Alexandre le Grand emprunta pour attaquer Persépolis et débouchons sur le site archéologique de
Bishapur, cité antique possédant des bas-reliefs très bien conservés célébrant la victoire sur les romains. Tout serait parfait pour la visite si le thermomètre n'affichait pas 45°C ! Heureusement, le musée climatisé nous ouvre ses portes et les enfants s'installent sous le rafraîchisseur d'air!

Le bord de mer du Golfe Persique n'est qu'à 70 kilomètres . Nous n'hésitons pas une seconde, une pause dans cet enfer à 52°C, humide, entouré de bases pétrolifères est la bienvenue. Une tempête de sable rend la conduite difficile, ne pas oublier d'allumer les phares si un camion lui prenait l'envie de doubler. La plage est dégagée. Nous y improvisons une leçon de choses pour les enfants : d'étranges petits poissons évoluent à la surface de l'eau. Ils possèdent des poumons et des nageoires en forme de pattes. La température a chuté à 37°C, c'est le paradis retrouvé mais pas pour longtemps ! En effet, il est inenvisageable de dormir sur le bord de mer : les policiers, intrigués par notre présence hors des zones touristiques nous conseillent de revenir dans le droit chemin. A minuit, enfin, le thermomètre affiche 40°C et nous nous arrêtons.

Nous effectuons le lendemain la visite de la Ziggourat de Choqa Zanbil vieille de 3300 ans. C'est une sorte de pyramide à étages d'importance religieuse. Malgré les 50°C extérieurs, le guide nous accompagne et nous fait grimper (les barrières ne semblent pas l'arrêter) au sommet en escaladant les murs. 1 h nous suffira à admirer ce bâtiment, le cadran solaire et l'empreinte d'un pied antique vieille de 3 000ans ! Quelques litres d'eau plus tard.

La chaleur aura même raison de notre antenne de GPS qui s'arrêtera après quelques soubresauts.
Notre visa de 30 jours touche à sa fin et il faut remonter en direction de Tabriz : la boucle de 7 500 km sera alors bouclée ! Mais, c'était sans compter avec un iranien venu nous percuter volontairement en pensant réparer sa voiture aux frais d'un gentil touriste !
Bilan, nous attendrons 4h aux différents postes de police pour attendre la décision du tribunal mais à la fin chacun repart avec sa voiture accidentée sans rien avoir déboursé et un repas est offert gracieusement par le commandant.
Notre dernier bivouac en Iran s'effectue en contrebas de la piste dans le lit d'une rivière : pour fêter l'événement, nous avons un alignement de la Lune avec Jupiter et Vénus qui sera l'occasion d'une belle photo!

Pour notre dernière journée, les Tabrizis nous ont conseillé de visiter leur mini-Cappadoce : un petit village pittoresque essentiellement envahi le week-end par les iraniens!

La frontière se rapproche inexorablement et nous utilisons nos derniers rials. En raison de l'écart des prix du gas-oil entre l'Iran et la Turquie, il est prudent pour ne pas avoir de problème à la frontière turque de vider les jerricans dans le réservoir principal. Toutes ces démarches effectuées, nous franchissons avec un pincement au cour le poste de ce pays qui nous aura accueillis avec tant de générosité et d'hospitalité. Cet Iran, loin des préjugés et que nous avons appris à aimer : promesse est faite de s'y attarder pour un prochain voyage en Asie !

Dès notre sortie, nous faisons une halte au bord du lac de Van. Sur notre trajet, nous nous offrons des pides (pizzas locales à base de viandes mixées) dans un petit restaurant local kurde: ils sont ravis et sont aux petits soins. Un bain dans le lac de Van permet de se décaper : en effet, l'eau est basique et est recommandée pour la lessive mais pas pour garder son bronzage de toute façon inexistant après les 30 jours en Iran et les tenues bien couvrantes!
Pour ne pas emprunter le même parcours qu'il y a trois ans, nous choisissons de passer par le sud du Kurdistan. Lors d'un bivouac dans un champ de lave, dans l'intention de se cacher, nous repérons une piste à peine marquée. Il faudra faire du trial au milieu des gros cailloux mais nous ne serons pas dérangés.
Nous avons entendu parler de belles pistes dans les monts Taurus. Notre GPS ne fonctionne malheureusement plus depuis le Golfe Persique (antenne grillée
à 70 °C). Nous nous débrouillons alors avec la carte et le bon sens et un mot très important en turc « nerede » qui signifie où suivi du nom de l'endroit où on veut se rendre. Dans les villages, c'est l'attroupement, tout le monde veut nous aider ou nous offrir un thé : c'est magique ! Nous posons notre bivouac où bon nous semble au milieu des pins. Nous nous retrouvons au milieu des yaylas (nomades) sur un haut plateau et des bergers, étonnés de notre présence.

Nous avons envie de prolonger le plaisir par un petit tour en Cappadoce. Nous trouvons un bivouac à l'abri de collines colorées et quelle n'est pas notre surprise le lendemain matin de voir le ciel envahis de montgolfières. Pour notre part, nous préférons utiliser les multiples pistes pour visiter à pied les célèbres cheminées de fée et églises. Les enfants se régalent à jouer à cache-cache ! Un papy dans son champ nous interpelle pour discuter et nous donner des kilos de
raisin : nous finirons chez lui autour d'une collation !

Au nord d'Ankara, au moment d'un pique-nique, un agriculteur en train de moissonner nous rapportera un sac plein de légumes et arrêtera un tracteur pour qu'il nous donne deux énormes pastèques !
Nous avons rendez-vous avec le club de land d'Istanbul. Son accueil est lui aussi fantastique : il nous invite à partager un très bon repas dans un restaurant à la mode. Nous discutons tard dans la nuit. Lendemain, nous allons nous balader sur les multiples pistes de la Mer Noire en leur compagnie. La journée s'achève et nous bivouaquons dans un parc en surplomb d'Istanbul avec l'autorisation des gendarmes. Nous avons décidé de passer par la Grèce et la Macédoine pour notre retour pour éviter les files d'attente interminables aux frontières : c'est bien joué car nous rentrerons en moins de deux jours à partir de la plage grecque où les enfants ont pu enfin se détendre.

Nous avons donc parcouru 18 000km en 7 semaines et demi dont 30 jours et 7500 en Iran.

Notre projet:

Projet Hélix : Contre la pollution lumineuse

Nous emportons dans le Land un télescope de 200 mm. Celui-ci permet de faciliter les contacts avec les populations rencontrées en leur faisant découvrir le ciel nocturne. Nous prenons des rendez-vous avec des astronomes amateurs ou professionnels via Internet pour des rencontres enrichissantes. A chaque entrevue, nous sensibilisons nos hôtes aux problèmes liés à la pollution lumineuse. Celle-ci empêche l'observation du ciel, mais elle perturbe aussi gravement la faune nocturne, ainsi que la végétation, sans oublier l'émission de gaz à effet de serre produit par les pertes inutiles d'énergie. Une gestion et un contrôle des faisceaux lumineux mieux adaptés permet de réduire l'impact de la pollution lumineuse sur l'environnement sans modifier l'activité humaine.

Plus de renseignements sur notre site http://perso.wanadoo.fr/un-land-et-des-etoiles/

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