Suite à notre voyage
en Turquie de l'Est, en 2002, nous nous étions faits la
promesse à la frontière iranienne de franchir le
pas. 3 ans plus tard et après quelques démarches,
nous prenons le chemin de ce pays tant décrié. Nous
avons choisi de traverser les Balkans, une route que nous ne connaissions
pas. 4 000km nous séparent de la frontière iranienne
et nous n'attendrons pas moins de 14 h aux frontières en
raison de l'afflux des turcs allemands rentrant au pays (Croatie).
Arrivés enfin en Turquie, nous prenons le temps de traverser
ce pays si hospitalier. Nous empruntons un chemin forestier dans
les montagnes longeant la Mer Noire qui nous conduit à
un camp de bûcherons ravis de cette visite inopinée
: nous n'échappons pas au traditionnel thé. Sur
le chemin du retour, un tronc d'arbre nous arrache le cabochon
de roue. Fabrice répare alors avec du fil de fer et un
coin de ziploc ! Efficace jusqu'en Iran où nous achèterons
2 cabochons pour le prix de 0.50 euros !!
Une semaine après notre
départ, nous atteignons la ville frontière turque
Dogubayazit . Nous nous offrons une pause camping au pied du palais
des mille et une nuits d'ishak Pasha pour faire la lessive et
la mécanique. Le lendemain, c'est le grand jour : nous
enfilons nos tenues islamiques !
La frontière turque passée, la grande grille s'ouvre et un douanier sympathique nous accueille aux mots d' « oublier la propagande ». En effet, il nous guide aux différents bureaux et ½ h plus tard, nous sortons sans fouille du véhicule. Bazargan la ville frontière nous accueille alors et quelques kilomètres plus loin, nous atteignons Maku où nous rencontrons un professeur d'anglais qui nous conduit jusqu'à l'église noire de Saint-Thaddée difficile à repérer en raison des rares panneaux de signalisation rédigés uniquement en farsi. Il se fera même aider par un automobiliste pour nous montrer la bonne route. L'hospitalité en zerbaïdjan veut que le voyageur soit guidé à bon port et notre automobiliste, parti avant nous, nous attendra 5 minutes à la croisée des chemins. La route se transforme en une piste et traverse un village isolé. L'église nous apparaît soudainement à la sortie du village au pied d'une colline. Nous sortons du Land, sous un soleil de plomb et frappons à la porte de l'édifice.
C'est l'heure de la sieste qui plus est un week-end mais le guide
de bonne grâce nous ouvre les portes. Cet édifice
arménien construit au début de notre ère
sur le tombeau du martyr regroupe le 19 juin de nombreux pèlerins
venus assister à la messe annuelle. Cette visite achevée,
nous posons notre bivouac dans le lit d'un fleuve malheureusement
envahi de nids de guêpes ! Mais cette déconvenue
sera balayée par les nombreux signes de bienvenue lancés
par les villageois de retour chez eux.
Après une nuit bien reposante, notre but de la journée
est Tabriz. Mais quand un panneau indicateur nous signale la station
de ski Payam, nous n'hésitons plus : nous nous engageons
alors sur les multiples pistes environnantes en surplomb de la
rivière.
C'est vendredi, correspondant à notre dimanche et les azéris
en profitent pour organiser des pique-niques accompagnés
du traditionnel barbecue, ce qui nous vaudra d'être témoins
de trois incendies qu'ils essaient d'éteindre avec des
couvertures et des branchages !
Notre premier contact avec l'ambiance urbaine s'effectuera à
Tabriz, chef-lieu de l'Azerbaïdjan oriental. La circulation
est anarchique, les automobilistes ne respectant aucune règle
de sécurité élémentaire, klaxonnant
à chaque instant. Les policiers sifflent .dans le vide.
Ils semblent être uniquement présents pour les accidents
qui malheureusement sont nombreux : nous n'en observerons pas
moins de 3 en 24 h.
Prudence oblige, nous décidons de recourir aux services
d'un taxi pour la visite du lendemain. En attendant, nous nous
éloignons de cinq km de toute civilisation, c'est du moins
ce que nous croyions jusqu'à ce qu'un iranien surgisse
intrigué par notre présence dans un petit canyon.Il
repartira comme il est arrivé discrètement sans
oublier de nous demander si tout va bien.
A Tabriz, après une visite de la mosquée bleue,
reconstruite suite à un tremblement de terre, nous nous
offrons la pause déjeuner dans un boui-boui.
Il est temps de goûter à une spécialité
locale, l'abgusht, sorte de ragoût de mouton accompagné
de pois chiches et de pommes de terre que l'on pile
après avoir consommé le bouillon épaissi
avec du pain. Notre repas nous coûtera moins d'un euro par
personne : royal !
Pour compléter l'ambiance, nous nous plongeons dans le
bazar oriental et c'est avec un véritable plaisir que nous
nous perdons dans ce labyrinthe de
couleurs et de senteurs sans la présence d'un seul touriste.
Florence appréciera tout particulièrement le quartier
réservé aux bijoutiers : plusieurs tonnes d'or sans
gardien de nuit, la sécurité est totale !!!! Nous
faisons la connaissance du responsable de l'office du tourisme
de Tabriz qui nous hèle du haut de son bureau. Son accueil
est à l'image de l'hospitalité des Tabrizis. Nous
ne comptons plus les verres de thé offerts à la
fraîcheur en toute liberté, les femmes pouvant enlever
le foulard ! Il parle 8 langues et nous réaliserons une
interview pour la radio par son intermédiaire.
Nous repérons sur les guides un parc de loisirs où
les iraniens plantent leur tente. L'endroit est bruyant près
d'un rond-point mais le contact avec la population se fait immédiatement.
Nous sommes l'objet de multiples questions et notre lexique farsi-français
circule dans de nombreuses mains. Le thé coule à
flot et nous ne nous coucherons pas avant 3 heures du matin :
expérience inoubliable mais à ne pas renouveler
trop fréquemment !
Le lendemain, nous prenons la direction d'Ardabil, tôt le
matin, réveillés par les nombreux coups de klaxons.
Notre parcours traverse tout d'abord des
collines colorées et de petits villages en pisé
dont les toits sont surmontés d'énormes bottes de
paille. Tout à coup, le Mont Sabalan se profile à
l'horizon avec ses 4811m. Nous avons décidé de le
franchir. Un vrai jeu de pistes commence : les cartes sont imprécises
et les indications des habitants en farsi peu compréhensibles
malgré forts gestes. Nous évoluons à plus
de 3000 m au milieu des tentes nomades. Nous nous posons à
3300m pour une nuit bien méritée mais fraîche
à seulement quelques mètres des glaciers. Les troupeaux
de bergers avec les fameux kangals, chiens de bergers censés
défendre le troupeau contre les ours et les loups nous
entourent et nous sommes bien protégés.
Le lendemain, Vincent qui en a rêvé toute la nuit
nous entraîne sur les glaciers pour une bataille de neige
improvisée à 3447 m, notre record d'altitude iranien.
Nous avons repéré une piste sur la carte qui nous
amènera dans les camps nomades. Nous faisons du hors-piste
mais rien n'y fait : la piste s'arrête ! Nous constatons
une conception étrange des pistes. Celles-ci relient des
groupes de villages de nomades entre eux, mais aucune piste permet
d'accéder à ces regroupements. Ce sera l'occasion
de prendre en stop un grand-père et son petit-fils. Il
est difficile de refuser l'invitation et nous nous engouffrons
dans ces tentes, véritables yourtes mongoles. C'est la
fête dans le camp ! Nous
dégustons le thé, le fromage, la crème fraîche
et le pain faits maison. C'est le moment de tester nos quelques
mots de farsi ! Ils nous submergent de questions, d'où
venons-nous, comment trouve-t-on leur pays ? Mais, quand la maîtresse
de maison attrape le plus gros poulet et fait le signe de l'égorger,
les enfants décident de l'épargner. Le land est
visité par les animaux et toute la tribu. Les hommes passent
dessous intrigués par nos ressorts et le moteur Diesel.
Les femmes admirent la mini-cuisine, l'eau courante et la douche
: c'est un hôtel trois étoiles ! Tout est soupesé
et reposé à la même place : aucun vol à
l'horizon ! Après une séance photo (les azéris
en sont friands), nous prenons congé. Quelques kilomètres
plus loin, nous croisons un land capot relevé : son propriétaire
profite de la proximité du torrent pour rafraîchir
le moteur. Nous ne comptons plus les rivières traversées.
C'est au près de l'une d'elles que s'effectue notre pause
déjeuner précédée d'une séance
de lessive.
Quelques épingles à cheveux bien négociés,
nous amorçons notre descente vers la civilisation. Cette
balade hors du temps s'achève et nous retrouvons la route.
Nous ferons tout de même l'achat de deux pots de miel des
ruches du Mont Sabalan. Un pot nous accompagnera même jusqu'en
France en souvenir de ses nomades si hospitaliers.
Nous venons d'achever la découverte de l'Azerbaïdjan
et découvrons les abords de la Mer Caspienne avec ses champs
de riz à perte de vue. La végétation est
luxuriante et nous prenons un réel plaisir à nous
perdre dans les petites pistes conduisant aux villages composés
de petites maisons en bois coloré. Nous ne pouvons échapper
à un petit bain de pieds dans cette mer intérieure,
grande productrice de caviar (introuvable !). Ne pouvant pas faire
de grandes ablutions, loi islamique oblige, nous nous rabattons
vers l'intérieur des terres pour découvrir le village
pittoresque de Masuleh. Il est construit en terrasses à
flanc de montagne, les toits plats des maisons permettant l'accès
aux différents niveaux. Dès notre arrivée,
les infirmières du Croissant Rouge en visite sur le site
se précipitent sur notre véhicule pour se faire
photographier aux côtés de Valérie : le temps
de se prendre pour une Star !
Près d'un barrage, nous tombons par hasard sur l'unique
champ d'éoliennes du pays. Le vent a façonné
des paysages hauts en couleurs et il faut l'abri d'une colline
pour poser le bivouac : une séance de trial sera nécessaire
pour l'atteindre et trouver un espace plat au milieu de monticules
entrelacés d'oueds asséchés. Le campement
sera très agité. Notre tente de douche subira l'assaut
des nombreuses rafales et il faudra se mettre à deux pour
la tenir fermement. Sur une plaine désolée, apparaît
le mausolée de Soltaniyeh. Cette ville fut détruite
par Tamerlan en 1384 et mérite un détour. Nous lui
consacrons quelques heures après avoir goûté
aux pizzas iraniennes dans un minuscule boui-boui !
Nous avons pris contact en France avec des astronomes iraniens
via internet et avons rendez-vous avec certains d'entre eux à
Shahreza située à 80 km au
sud d'Isfahan. Nous amorçons donc notre descente vers le
Sud. Nous ne rencontrons aucun problème sauf lors de deux
bivouacs.
Le premier a lieu sur un terrain meuble ( style lac salé
asséché) où le land s'enfonce soudainement
de 50 cm sur le côté droit. Heureusement, nous nous
en sortons sans dommage. Le deuxième se déroule
à quelques kilomètres d'Isfahan où deux hélicoptères
de l'armée nous localisent et rasent la tente de toit à
moins de 2 mètres : émotions garanties !
L'accueil des astronomes est à l'image des iraniens. Nous
sommes guidés vers les bâtiments historiques, les
artisans, les restaurants typiques..Nous faisons une conférence
à l'université sur notre projet « Hélix
» et ils organisent une soirée astro-gastronomique
dans un parc bien fleuri et bien éclairé ! Les contacts
sont très chaleureux et pendant que Fabrice montre un DVD
de nos voyages aux hommes, les femmes entourent Valérie
qui leur signe des autographes et des dédicaces. La nuit
se poursuit avec l'observation des objets célestes jusqu'à
3 h du matin ! Les iraniens ont la santé !!
Pour obtenir les visas, nous avons dû réserver trois
nuits d'hôtel à Shiraz et c'est avec un pincement
au cour que nous quittons nos hôtes si attachants !
Une journée de route sera nécessaire pour atteindre
Shiraz. Nous éviterons plusieurs accidents dans cette circulation
démentielle : voiture remontant la voie rapide en marche
arrière, femmes traversant une trois voies jouant de leur
voile les matadors. Heureusement, l'hôtel en plein centre-ville
possède un parking gardé : nous pourrons laisser
en toute sécurité notre véhicule et le télescope.
Après un sommeil bien mérité, nous sommes
prêts à nous lancer à la découverte
de cette ville légendaire. Pour les amateurs de bon vin,
il n'est pas question de chercher le célèbre vin
de Shiraz qu'Omar Khayyam vantait dans ses robaïyat ! Pour
se consoler, nous plongeons avec délices dans le bazar
oriental . Senteurs, bruits, couleurs nous
envoûtent. Nous restons plusieurs heures à flâner
au milieu des artisans et à faire quelques emplettes. Pour
nous restaurer, nous dénichons près de l'hôtel
un petit estaurant animé par deux musiciens jouant des
instruments traditionnels.
Ces trois jours écoulés, il est temps de reprendre
la route. Nous visitons la célèbre Persépolis
sous une chaleur écrasante à 15 h avec 40°C
à l'ombre mais sans ombre ! Avec le voile et les vêtements
couvrants, il n'est pas nécessaire de faire les frais d'un
hamman. De plus, les normes iraniennes n'étant pas les
mêmes qu'en Occident, il nous faut littéralement
escalader les rochers pour atteindre les mausolées.
Nous repartons vers deux autres sites Naqsh-e Rostam (tombeaux
sculptés) et Pasargades (tombeau de Cyrus) émerveillés
par tant de finesse dans les sculptures.
La conduite nerveuse des iraniens nous incite à rechercher
le calme sur les pistes des Monts Zagros et à installer
notre bivouac sur un ancien camp de nomades : plus de chardons
mais beaucoup de crottes de mouton ! On ne peut pas tout avoir
! Quelques arbres au nom indéterminé style arganiers
complètent le tableau champêtre. C'est une pause
mécanique pour Fabrice : vidanges ( nous récupérons
notre huile grâce à un sac poubelle autour de la
bassine), changement de filtres, vérification et entretien
de certaines pièces.. Tout à coup, une tornade nous
frôle emportant dans son sillage tous les chardons. Peu
après, une deuxième se forme et nous réalisons
que nous sommes dans leur couloir : vent de panique, il faut retenir
les chaises et autres ustensiles légers !
Aucune voiture à l'horizon, nous sommes seuls sur la piste.
Des camps de nomades apparaissent et des collines colorées
se dévoilent à perte de vue.
Nous nous enfonçons au milieu des champs de blé
et des vergers. C'est le moment de la moisson et les iraniens
travaillent tard, la faux à la main, se retournant à
notre passage. Nous suivons le cours de la rivière sur
des pistes boueuses. Les passages sont délicats et nous
ne croisons que des land, certains agrémentés de
petits cours ! Ce soir, il devient impossible de trouver un coin
tranquille : nous mettons tout simplement au bord d'un torrent
ce qui permet de faire la lessive !
Le matin, évidemment, nous avons de la visite : un homme
qui veut partager son pain avec nous et un papy qui tient absolument
à nous retenir sous sa tente. Il appelle ses femmes pour
nous accueillir. En désespoir de cause, il nous inonde
de pommes du jardin petites mais goûteuses qui feront le
bonheur des enfants !
Un soir, tous feux éteints, en admiration devant la voie
lactée, nous entendons soudain un hurlement étrange
qui se rapproche. Nous nous souvenons alors de la clôture
des moutons, des kangals « chiens de 50 kg, pouvant atteindre
les 70km/h en courant » et de la présence de loups
dans cette région. Dans le doute, nous écourtons
notre soirée astronomique pour nous replier dans la sécurité
de la tente haut-perchée et interdisons formellement aux
enfants de se lever.
Notre parcours longe une belle rivière bleue turquoise
et donne l'occasion à notre fils de se baigner pendant
que notre fille trempe le bout de ses pieds!
Isfahan se rapproche et la circulation se fait très dense.
Enfin, sans accident, nous garons notre véhicule sur la
célèbre place Emam Khomeini et partons à
la découverte de ses plus beaux monuments et de son bazar.
Nous avons envie de goûter aux deux déserts iraniens
: Dasht-e Kavir et Dasht-e Lut. Sur le chemin, nous croisons des
maisons munis de badgir, tours censées captiver le vent
et grâce à un système de bassin rafraîchir
la maison, bien pratiques en raison de la chaleur. Nous admirons
l'ingéniosité des iraniens capables de construire
des canaux souterrains appelés Qanats, certains atteignant
40 km : ils servent à irriguer les vergers depuis 2000
ans. Ainsi, des oasis apparaissent au milieu des déserts
arides.
Nous comptons tous les 25 ou 30 km des caravansérails servant
d'auberges à l'époque de la route de la soie. Ils
sont à l'abandon mais quelques-uns restent en bon état.
Des citernes d'eau jalonnent notre route monotone mais elles sont
désespérément vides et témoignent
d'une grande sécheresse.
Nous localisons quelques dunes accessibles : les enfants improvisent
alors une partie de toboggan. Florence en profite pour parfaire
sa collection de sables du monde : le véhicule reviendra
charger de quelques kilos dans des sacs plastiques ou des bouteilles
pas toujours étanches !
Nous profitons de la solitude pour planter notre bivouac : c'est
du moins ce qu 'on croyait quand un berger passe au loin : mais
où trouve-t-il de l'eau pour ses moutons ? Le mystère
reste entier car nos quelques mots de farsi sont insuffisants
pour une grande conversation.
Tabas, seule grande ville au milieu des déserts, est une
oasis où la pénurie d'eau ne s'est pas encore fait
sentir à en juger par l'abondance des fontaines. Son bâtiment
le plus impressionnant est un ancien caravansérail transformé
pour l'occasion en une belle mosquée entourée de
somptueux jardins (la fierté des iraniens : jardin veut
dire paradis en farsi). Nous faisons le plein de gasoil à
un euro les 60 L, prix fixe en Iran (et magique pour nous) et
achetons du pain au boulanger que les enfants s'empressent de
dévaliser.
La chaleur est épuisante et la température monte
à 51°C. Par jour, 4 litres d'eau par personne seront
nécessaires pour étancher notre soif mais le réfrigérateur
n'a pas le temps de rafraîchir suffisamment les boissons
et nous finissons à l'eau chaude !
En raison de la monotonie du paysage, nous décidons de
nous échapper sur une piste où un panneau signale
des guépards (peut-être présents dans les
temps anciens). Notre attention est soudainement attirée
par un village en pisé sculpté accroché au
sommet d'une colline : un véritable bijou du désert
. Malheureusement, la température ne
nous permet pas de grimper et de la visiter !
Le dernier bivouac a été agité en raison
d'une tempête de sable chaud. Nous nous octroyons donc une
pause hôtel à Kerman. Le patron nous demande de garer
le Land dans l'arrière cour fermée. Il veut ainsi
éviter un attroupement de curieux à l'entrée
de son établissement. Nous prenons possession de notre
chambre, un bon repas avec 7 plats puis 1h30 de lessive.la chambre
ressemble à un grand étendoir !
Sortir d'une grande ville
relève de l'exploit en raison des rares panneaux et souvent
écrits en farsi: nous empruntons généralement
une mauvaise direction et sommes obligés de rectifier le
tir en empruntant de petites pistes pittoresques.
Au milieu de collines, nous doublons deux vélos : c'est
Yvoine et Mike qui, partis de Singapour au début de l'année,
veulent rallier la France au mois de novembre. Nous passons un
agréable bivouac en leur compagnie. Nous admirons leur
courage et apprécions d'autant le confort que nous procure
notre véhicule 4X4 étoiles !
Nous devons rejoindre le Golfe Persique en contournant les grands
lacs salés qui nous apparaissent au détour d'un
sentier accidenté. Une étendue bleue et blanche
nous tend les bras et nous roulons enfin sur ce billard improvisé.
Il faut veiller tout de même à ne pas trop s'éloigner
des berges. Les sandales de Vincent en garderont un cuisant souvenir
! Elles s'enfonceront dans une sorte de boue nauséabonde
de près de 10 cm alors nous n'osons envisager le sort réservé
aux 3 tonnes de notre véhicule..
Lors d'une recherche de bivouac sur une belle piste, un policier
nous arrête ne comprenant pas notre intention, pourquoi
ne pas prendre un hôtel dans la prochaine ville, il en faut
plus pour nous décourager et nous empruntons un nouveau
chemin qui sera le bon malgré le dévers côté
précipice sur un éboulement qui nous faudra passer
: sueurs froides assurées !
Nous traversons le défilé montagneux de Gaugamèles,
qu'Alexandre le Grand emprunta pour attaquer Persépolis
et débouchons sur le site archéologique de
Bishapur, cité antique possédant des bas-reliefs
très bien conservés célébrant la victoire
sur les romains. Tout serait parfait pour la visite si le thermomètre
n'affichait pas 45°C ! Heureusement, le musée climatisé
nous ouvre ses portes et les enfants s'installent sous le rafraîchisseur
d'air!
Le bord de mer du Golfe Persique n'est qu'à 70 kilomètres
. Nous n'hésitons pas une
seconde, une pause dans cet enfer à 52°C, humide, entouré
de bases pétrolifères est la bienvenue. Une tempête
de sable rend la conduite difficile, ne pas oublier d'allumer
les phares si un camion lui prenait l'envie de doubler. La plage
est dégagée. Nous y improvisons une leçon
de choses pour les enfants : d'étranges petits poissons
évoluent à la surface de l'eau. Ils possèdent
des poumons et des nageoires en forme de pattes. La température
a chuté à 37°C, c'est le paradis retrouvé
mais pas pour longtemps ! En effet, il est inenvisageable de dormir
sur le bord de mer : les policiers, intrigués par notre
présence hors des zones touristiques nous conseillent de
revenir dans le droit chemin. A minuit, enfin, le thermomètre
affiche 40°C et nous nous arrêtons.
Nous effectuons le lendemain la visite de la Ziggourat de Choqa
Zanbil vieille de 3300 ans. C'est une sorte de pyramide à
étages d'importance religieuse. Malgré les 50°C
extérieurs, le guide nous accompagne et nous fait grimper
(les barrières ne semblent pas l'arrêter) au sommet
en escaladant les murs. 1 h nous suffira à admirer ce bâtiment,
le cadran solaire et l'empreinte d'un pied antique vieille de
3 000ans ! Quelques litres d'eau plus tard.
La chaleur aura même raison de notre antenne de GPS qui
s'arrêtera après quelques soubresauts.
Notre visa de 30 jours touche à sa fin et il faut remonter
en direction de Tabriz : la boucle de 7 500 km sera alors bouclée
! Mais, c'était sans compter avec un iranien venu nous
percuter volontairement en pensant réparer sa voiture aux
frais d'un gentil touriste !
Bilan, nous attendrons 4h aux différents postes de police
pour attendre la décision du tribunal mais à la
fin chacun repart avec sa voiture accidentée sans rien
avoir déboursé et un repas est offert gracieusement
par le commandant.
Notre dernier bivouac en Iran s'effectue en contrebas de la piste
dans le lit d'une rivière : pour fêter l'événement,
nous avons un alignement de la Lune avec Jupiter et Vénus
qui sera l'occasion d'une belle photo!
Pour notre dernière journée, les Tabrizis nous ont
conseillé de visiter leur mini-Cappadoce : un petit village
pittoresque essentiellement envahi le week-end par les iraniens!
La frontière se rapproche inexorablement et nous utilisons
nos derniers rials. En raison de l'écart des prix du gas-oil
entre l'Iran et la Turquie, il est prudent pour ne pas avoir de
problème à la frontière turque de vider les
jerricans dans le réservoir principal. Toutes ces démarches
effectuées, nous franchissons avec un pincement au cour
le poste de ce pays qui nous aura accueillis avec tant de générosité
et d'hospitalité. Cet Iran, loin des préjugés
et que nous avons appris à aimer : promesse est faite de
s'y attarder pour un prochain voyage en Asie !
Dès notre sortie, nous faisons une halte au bord du lac
de Van. Sur notre trajet, nous nous offrons des pides (pizzas
locales à base de viandes mixées) dans un petit
restaurant local kurde: ils sont ravis et sont aux petits soins.
Un bain dans le lac de Van permet de se décaper : en effet,
l'eau est basique et est recommandée pour la lessive mais
pas pour garder son bronzage de toute façon inexistant
après les 30 jours en Iran et les tenues bien couvrantes!
Pour ne pas emprunter le même parcours qu'il y a trois ans,
nous choisissons de passer par le sud du Kurdistan. Lors d'un
bivouac dans un champ de lave, dans l'intention de se cacher,
nous repérons une piste à peine marquée.
Il faudra faire du trial au milieu des gros cailloux mais nous
ne serons pas dérangés.
Nous avons entendu parler de belles pistes dans les monts Taurus.
Notre GPS ne fonctionne malheureusement plus depuis le Golfe Persique
(antenne grillée
à 70 °C). Nous nous débrouillons alors avec
la carte et le bon sens et un mot très important en turc
« nerede » qui signifie où suivi du nom de
l'endroit où on veut se rendre. Dans les villages, c'est
l'attroupement, tout le monde veut nous aider ou nous offrir un
thé : c'est magique ! Nous posons notre bivouac où
bon nous semble au milieu des pins. Nous nous retrouvons au milieu
des yaylas (nomades) sur un haut plateau et des bergers, étonnés
de notre présence.
Nous avons envie de prolonger le plaisir par un petit tour en
Cappadoce. Nous trouvons un bivouac à l'abri de collines
colorées et quelle n'est pas notre surprise le lendemain
matin de voir le ciel envahis de montgolfières. Pour notre
part, nous préférons utiliser les multiples pistes
pour visiter à pied les célèbres cheminées
de fée et églises. Les enfants se régalent
à jouer à cache-cache ! Un papy dans son champ nous
interpelle pour discuter et nous donner des kilos de
raisin : nous finirons chez lui autour d'une collation !
Au nord d'Ankara, au moment d'un pique-nique, un agriculteur en
train de moissonner nous rapportera un sac plein de légumes
et arrêtera un tracteur pour qu'il nous donne deux énormes
pastèques !
Nous avons rendez-vous avec le club de land d'Istanbul. Son accueil
est lui aussi fantastique : il nous invite à partager un
très bon repas dans un restaurant à la mode. Nous
discutons tard dans la nuit. Lendemain, nous allons nous balader
sur les multiples pistes de la Mer Noire en leur compagnie. La
journée s'achève et nous bivouaquons dans un parc
en surplomb d'Istanbul avec l'autorisation des gendarmes. Nous
avons décidé de passer par la Grèce et la
Macédoine pour notre retour pour éviter les files
d'attente interminables aux frontières : c'est bien joué
car nous rentrerons en moins de deux jours à partir de
la plage grecque où les enfants ont pu enfin se détendre.
Nous avons donc parcouru 18 000km en 7 semaines et demi dont 30
jours et 7500 en Iran.
Notre projet:
Projet Hélix : Contre la pollution lumineuse
Nous emportons dans le
Land un télescope de 200 mm. Celui-ci permet de faciliter
les contacts avec les populations rencontrées en leur faisant
découvrir le ciel nocturne. Nous prenons des rendez-vous
avec des astronomes amateurs ou professionnels via Internet pour
des rencontres enrichissantes. A chaque entrevue, nous sensibilisons
nos hôtes aux problèmes liés à la pollution
lumineuse. Celle-ci empêche l'observation du ciel, mais
elle perturbe aussi gravement la faune nocturne, ainsi que la
végétation, sans oublier l'émission de gaz
à effet de serre produit par les pertes inutiles d'énergie.
Une gestion et un contrôle des faisceaux lumineux mieux
adaptés permet de réduire l'impact de la pollution
lumineuse sur l'environnement sans modifier l'activité
humaine.
Plus de renseignements sur notre site http://perso.wanadoo.fr/un-land-et-des-etoiles/
retour